Quand la poussière se lève à Lubero, ce n’est pas toujours pour de bonnes nouvelles. Cette fois, c’est l’anthrax, vieux compagnon des catastrophes rurales, qui frappe à la porte. Un décès, six cas suspects et un hôpital de brousse qui fait front : le Nord-Kivu retient son souffle.
Un foyer sous haute surveillance à Kasalala
Au cœur du territoire de Lubero, dans l’ombre des collines verdoyantes, la petite aire de santé de Kasalala est devenue malgré elle le théâtre d’une alerte sanitaire. Six cas suspects d’anthrax — que les anciens surnomment « la maladie du charbon » — y ont été signalés, semant la peur dans les hameaux alentours. Parmi ces cas, la mort a déjà frappé, donnant à la menace un visage bien réel.
Le docteur Cyrille Mumbere Musivirwa, chef de la zone de santé, a confirmé que l’épicentre se situait précisément à Kasalala.
Pas de doute : ceux qui sont tombés malades vivaient ou travaillaient dans cette zone minuscule mais désormais tristement célèbre. Loin de céder à la panique, le médecin joue la carte de la prudence : « Pas de panique inutile. La vigilance, oui. Le respect des mesures sanitaires, encore plus.
À Lubero, la peur est un parfum tenace, mais l’expérience parle. Les conseils prodigués rappellent les gestes que la population connaît bien depuis Ebola : lavage obsessionnel des mains, isolement des malades, et déclaration sans délai de tout symptôme suspect. Comme un vieux manuel de survie remis au goût du jour.
Anthrax : un tueur invisible mais prévisible
Le nom « anthrax » sonne comme un vieux tambour de guerre dans les oreilles des professionnels de santé. Cette infection, provoquée par Bacillus anthracis, n’a rien perdu de son pouvoir destructeur. Transmise par simple contact avec des animaux contaminés ou, pire, par inhalation de spores mortelles, elle frappe vite et frappe fort. À Lubero, territoire paysan par excellence, la vigilance doit être maximale.
Les symptômes varient selon la voie d’exposition : pustules noires pour les cas cutanés, détresse respiratoire fulgurante pour les formes inhalées. Dans tous les cas, sans traitement rapide, l’issue peut être fatale. C’est pourquoi les autorités sanitaires appellent à une réaction immédiate au moindre signe suspect.
À l’hôpital général de Kayna, les blouses blanches se préparent déjà à un éventuel afflux. Le protocole est simple : détecter, isoler, traiter. Chaque minute compte, chaque négligence pourrait coûter une vie de plus.
Pour l’instant, la ligne de défense tient, mais le combat contre l’anthrax ne fait que commencer. Et à Lubero, chacun sait que dans ce genre de bataille, l’ennemi ne prévient jamais avant d’attaquer. La terreur y est, tout comme dans d’autres zones où il y a fusillades.