À Goma, une série d’explosions d’engins de guerre a fait 1 mort et 3 blessés en six jours, révélant une menace persistante dans cette ville marquée par les conflits.
Une ville sous tension, un passé qui explose
À Goma, les souvenirs de guerre ne dorment jamais longtemps. En l’espace de six jours, la ville a été secouée par une série d’explosions meurtrières, réminiscences d’un conflit qui refuse de mourir. Un adolescent a perdu la vie, trois autres jeunes ont été gravement blessés. Le tout dans l’indifférence glaciale du monde extérieur.
Samedi 26 avril, quartier Bujovu. Un simple geste, celui d’un jeune berger prénommé Christian, suffit à réveiller l’enfer : une bombe dissimulée dans l’herbe du vieux cimetière de Litige.
L’explosion fut brutale, sans appel. Christian n’a pas survécu. Ses chèvres non plus. Un silence pesant s’est abattu sur les pierres tombales, comme si même les morts en avaient été secoués.
Trois jours plus tôt, à Kibirizi, c’est le même scénario qui se répète. Trois adolescents, probablement curieux ou inconscients, tombent sur un engin explosif. Ils le manipulent. Il explose. Et voilà trois corps mutilés, trois vies suspendues au fil des soins précaires du territoire de Rutshuru. Chaque détonation devient un rappel cruel que la guerre laisse des graines dans le sol. Et elles finissent toujours par germer.
Une urgence ignorée, une population livrée à elle-même
Le 28 avril, nouvelle alerte. Un engin suspect est découvert sur l’avenue Mudiayi, dissimulé sous des pierres, comme un piège sournois tendu à la routine. Cette fois, pas d’explosion, mais une peur sourde. Les habitants, eux, ne prennent plus rien à la légère. Les appels aux démineurs sont immédiats, presque automatiques. L’instinct de survie s’est installé.
Dans cette ville meurtrie, la société civile tente de colmater les brèches. Des affiches, des vidéos, des alertes sur les réseaux sociaux : tout est bon pour rappeler à la population que la guerre n’est pas finie. Les enfants surtout sont visés. On leur apprend à reconnaître l’étrange, à fuir le doute, à ne jamais toucher ce qui pourrait tuer. Mais cela suffit-il ?
Goma n’est plus seulement volcanique de par son sous-sol. Elle bouillonne aussi de l’héritage dangereux laissé par les affrontements entre le M23 et les FARDC. Depuis la chute de la ville aux mains des rebelles, chaque rue, chaque pierre, chaque tas de terre pourrait cacher un engin oublié. Et personne ne sait combien d’autres attendent leur victime.
Entre mémoire explosive et futur incertain, Goma tente de survivre. Mais tant que la guerre continuera à semer ses graines invisibles, le quotidien restera une marche lente sur un champ de mines.