RDC-Rwanda : vers un accord historique pour la paix dans les Grands Lacs. Source : AQ

L’heure n’est plus aux insinuations diplomatiques ni aux regards fuyants. Ce vendredi 2 mai, à Washington, un document pourrait faire date : l’avant-projet d’accord de paix entre la RDC et le Rwanda. Un brouillon de paix, encore fragile, mais porteur d’un espoir qui grince dans les arcanes du conflit est-africain. Entre prudence diplomatique et promesses en papier glacé, les regards sont rivés sur cette échéance que nul n’ose saboter ouvertement.


Un accord cousu à Washington, mais trempé dans les eaux troubles des Grands Lacs

Ce n’est ni la première tentative, ni probablement la dernière, mais celle-ci pourrait marquer un tournant. La signature, le 25 avril dernier, d’une déclaration de principes entre Kinshasa et Kigali, a mis la machine en branle.

Avec la médiation américaine — une constante silencieuse mais influente —, la RDC et le Rwanda s’engagent à plancher sur un texte commun. Un avant-projet d’accord, qui serait l’héritier hybride des processus de Nairobi et de Luanda, longtemps paralysés par les rancunes et les positions irréconciliables.

Washington, arbitre involontaire ou stratège avisé ? Peu importe. Le choix de la capitale américaine comme théâtre de ces négociations n’est pas fortuit. Il illustre à quel point les puissances extérieures sont devenues les metteurs en scène d’une tragédie aux racines africaines. Et pendant que la diplomatie s’écrit à coup de paragraphes neutres, l’Est du Congo continue de saigner.

Mais ce texte – s’il est présenté comme prévu ce vendredi – pourrait bien introduire un mécanisme de vérification et définir clairement les responsabilités de chaque État.

Le M23/AFC d’un côté, les FDLR de l’autre : les deux bêtes noires que chaque camp accuse l’autre de nourrir en sous-main. Cet accord pourrait mettre à nu les hypocrisies et dessiner un nouveau théâtre d’actions bilatérales. Encore faut-il que chacun joue sa partition sans fausses notes.


D’une déclaration de principes à une paix conditionnelle : la prudence est de mise

En politique étrangère, les dates ne sont que des promesses. Rien n’indique avec certitude que ce vendredi verra effectivement la présentation du tant attendu avant-projet.

Mais le simple fait que l’échéance soit maintenue, relayée et attendue, en dit long sur les attentes. Le contexte, lui, a évolué. Kigali, autrefois réticent à Luanda, semble aujourd’hui moins figé dans ses postures. Kinshasa, en acceptant de dialoguer avec l’AFC/M23 sous médiation qatarie, a aussi bougé ses lignes rouges.

Reste à savoir si cette dynamique traduit une volonté politique sincère ou une simple manœuvre diplomatique dictée par l’épuisement. Car, au-delà des signatures et des photos officielles, ce sont des intérêts divergents qui s’entrechoquent. Ressources minières, influence régionale, sécurité nationale : l’équation RDC-Rwanda est tout sauf simple.

Et pourtant, ce texte pourrait ouvrir une brèche. Une feuille de route est évoquée, une série d’actions concrètes à définir, un langage commun à écrire. Il ne s’agirait plus seulement de pacifier les discours, mais de produire des résultats visibles : une désescalade sur le terrain, un recul mesurable des violences, un retour de confiance – même modeste.

La déclaration de Washington stipule aussi des engagements forts en matière de respect des frontières et de coopération économique. Une nouveauté ? Pas tout à fait. Mais cette fois, les promesses sont encadrées par un acteur dont le poids ne se discute plus : les États-Unis. Marco Rubio, secrétaire d’État, n’a pas apposé sa présence pour la forme. Il faudra livrer des résultats. La balle est dans le camp des décideurs. Mais, pour une fois, elle pourrait bien rouler dans la direction de l’histoire.