RDC : Bill Gates et Jeff Bezos lancent un projetKoBold Metals en RDC : Quand les géants américains misent sur le secteur minier"

La République démocratique du Congo (RDC), trésor géologique de l’Afrique, devient le théâtre d’une bataille silencieuse entre géants technologiques et puissances mondiales. Soutenue par Bill Gates et Jeff Bezos, la start-up KoBold Metals y déploie une stratégie audacieuse : dominer l’extraction de métaux critiques pour la transition énergétique. Derrière les promesses de milliards se cachent des enjeux bien plus complexes : rivalités sino-américaines, équilibres géopolitiques fragiles, et une question brûlante. La RDC peut-elle transformer sa richesse en progrès, sans reproduire les erreurs du passé ?  

Une partie d’échecs géopolitique dans le cœur minier de l’Afrique

KoBold Metals, financée par des levées records (1 milliard de dollars), incarne l’ambition occidentale de réduire la dépendance à la Chine. Pékin contrôle aujourd’hui 70 % de la production mondiale de cobalt, dont la RDC détient 60 % des réserves. 

Pour Washington, l’enjeu est clair : sécuriser l’accès au lithium, cuivre et cobalt, piliers des batteries électriques. L’administration Trump, via Massad Boulos, conseiller pour l’Afrique, négocie un pacte minier avec Kinshasa. Objectif ? Contrer l’influence chinoise, omniprésente depuis l’acquisition de Tenke Fungurume par CMOC en 2016.

Pourtant, KoBold ne se présente pas en simple pion américain. Benjamin Katabuka, son directeur en RDC, insiste : « Nous misons gros sur ce pays, avec des normes élevées. » Un discours qui contraste avec la réalité du terrain. Corruption endémique, conflits armés à l’est, infrastructures défaillantes… Les défis sont titanesques. Même l’énergie manque pour alimenter les mines. Katabuka le reconnaît : « Les sociétés minières peinent à obtenir l’électricité nécessaire. »  

Malgré ces obstacles, la RDC fascine. Le pays abrite le Manono, plus grand gisement de lithium inexploité au monde, objet d’une bataille judiciaire entre AVZ Minerals et Zijin Mining. KoBold, dans une lettre au gouvernement congolais, évoque un « potentiel historique ». Mais dans cette course, les mots « IA » et « innovation » masquent une réalité moins glamour : l’exploitation minière reste une industrie de terrain, où la stabilité politique et les routes praticables valent plus que les algorithmes.  

Si la géopolitique dessine les contours du projet, une autre question émerge : comment concilier extraction massive et engagements écologiques, souvent brandis par les milliardaires impliqués ?  

Cobalt vert ou néocolonialisme 2.0 ? Le paradoxe des philanthropes

Bill Gates et Jeff Bezos ne sont pas que des investisseurs. Leurs fondations, actives en RDC, défendent des causes environnementales et sociales. Le Fonds Bezos pour la Terre a promis 110 millions de dollars pour protéger le bassin du Congo, poumon vert stockant l’équivalent de trois ans d’émissions mondiales. La Fondation Gates finance, elle, des programmes agricoles. Un double jeu délicat : extraire des métaux tout en préservant les écosystèmes.  

KoBold promet des « normes éthiques strictes ». Mais sur le terrain, les tensions sont palpables. Les mines artisanales, souvent illégales, emploient des enfants et alimentent les conflits. L’arrivée de KoBold risque de marginaliser ces acteurs, sans garantir un partage équitable des revenus. Le gouvernement congolais exige davantage de transformation locale des minerais. Or, comment y parvenir sans usines, sans électricité fiable, sans main-d’œuvre qualifiée ?  

L’initiative pourrait pourtant créer un précédent. En associant IA et transparence, KoBold affirme vouloir « réinventer l’exploitation minière ». Reste à voir si cette rhétorique séduira les Congolais, méfiants après des décennies de promesses non tenues. Le pays exige des partenaires, non des bailleurs. Comme le souligne un rapport de l’ONU : « La RDC a besoin d’investissements, pas de charité. »  

L’incursion de Gates et Bezos en RDC n’est pas un simple fait d’actualité. C’est un symbole : celui d’un monde en transition, où le cobalt remplace le pétrole, et où l’Afrique devient l’arbitre des rivalités globales. Mais derrière les milliards et les discours vertueux, l’équation reste insoluble sans une refonte des règles du jeu. La RDC tiendra-t-elle les rênes de son destin minier, ou deviendra-t-elle le terrain d’expérience de nouvelles puissances ? La réponse déterminera l’avenir – non seulement du pays, mais de la planète entière.