RDC Guerre

RDC. Trois lettres qui résonnent comme une blessure jamais refermée. Pourtant, sous les gravats du conflit, une force discrète, mais déterminée, refuse de se taire. Le 16 avril dernier, à Kinshasa, des femmes venues de tous horizons – militantes aguerries, cheffes de communautés oubliées, expertes opiniâtres – se sont donné rendez-vous. Leur but ? Refuser que la guerre soit une fatalité. Initiée par ONU Femmes, la Section Genre de la MONUSCO et le PNUD, cette réunion a jeté les bases d’un plaidoyer musclé, destiné à faire enfin entendre les voix féminines dans les débats sur la paix.

À Kinshasa, un vent de révolte douce mais ferme

Dans la moiteur de Kinshasa, entre deux éclats de rire mêlés d’amertume, les échanges ont pris une tournure inattendue. Fini le ton convenu des conférences internationales : ici, il s’agissait de vider son sac, de parler vrai. Chaque femme, forte de son vécu, a apporté une pierre brute à cet édifice fragile qu’est la paix.

Elles n’ont pas esquivé les sujets qui fâchent : les carences de l’État, la duplicité des groupes armés, la lassitude des communautés abandonnées à leur sort. Loin des slogans creux, elles ont formulé des recommandations précises, concrètes, taillées pour ne pas sombrer dans l’oubli des rapports de conférence.

Ce n’était pas une simple réunion : c’était un acte de résistance. Leur note de plaidoyer, patiemment retravaillée lors de cette journée denses, sera soumise aux autorités, aux chefs de guerre, aux organisations régionales et aux bailleurs internationaux. L’idée est claire : faire pression, mais sans se compromettre, en revendiquant une place légitime à la table des négociations.

Une paix dessinée par celles qui savent ce qu’elle coûte

Loin des grandes messes diplomatiques, cette initiative a le goût âpre du terrain et la légitimité de l’expérience. En insistant sur une approche communautaire et sur la nécessité d’inclure les femmes dans chaque étape du processus, les participantes signent un manifeste d’avenir pour la RDC.

La note de plaidoyer ne sera pas un simple document oublié sur un bureau ministériel. C’est une flamme portée aux autorités nationales, aux groupes armés, aux institutions régionales et aux partenaires internationaux. Un rappel cinglant que la paix ne saurait être négociée sans écouter celles qui en paient le prix au quotidien.

À l’Est de la RDC, chaque balle tirée résonne comme une trahison de l’avenir. Pourtant, entre les brumes de la violence, ces voix féminines ouvrent des brèches lumineuses. Elles refusent que l’espérance reste un mot vide. Elles réclament des actes. Et cette fois, elles entendent bien être entendues.