RDC UrgenceRDC : l’OIM alerte sur une urgence humanitaire sans précédent

KINSHASA – 2 mai 2025. La République démocratique du Congo (RDC) fait face à une crise humanitaire d’une ampleur alarmante. Plus de 7 millions de personnes déplacées internes luttent pour leur survie, souvent dans l’indifférence générale. En visite sur le terrain, Mme SungAh Lee, directrice générale adjointe de l’OIM, alerte : le seuil critique est dépassé. Et parmi les zones les plus touchées, la ville de Goma concentre toutes les urgences.


Goma : entre asphyxie humanitaire et chaos logistique

À Goma, capitale provinciale du Nord-Kivu, la situation est particulièrement critique. La ville croule sous l’afflux massif de déplacés, chassés par les affrontements entre les FARDC et les groupes armés, notamment le M23/AFC. Les sites de fortune se multiplient à Bulengo, Kanyaruchinya ou encore Rusayo, où des familles entières vivent dans des conditions inhumaines.

Les infrastructures locales, déjà fragiles, sont aujourd’hui débordées. L’eau potable manque, les soins médicaux sont insuffisants, et la promiscuité aggrave le risque de maladies. Goma, jadis centre logistique régional, est aujourd’hui au bord de l’asphyxie humanitaire.

Selon l’OIM, plus de 700 000 personnes seraient actuellement déplacées dans le seul Nord-Kivu. Le centre de Goma devient un carrefour d’exode, une ville-refuge qui n’a ni les ressources ni la capacité d’accueillir dignement.

« Goma est devenu le miroir du désespoir congolais », déplore un coordinateur humanitaire local.
« Sans aide massive, nous allons droit vers une catastrophe silencieuse. »


Une crise nationale qui appelle une réponse politique

Si Goma cristallise l’attention, le phénomène est national. Du Sud-Kivu à l’Ituri, en passant par le Tanganyika et le Kasaï, les déplacés affluent, souvent oubliés des caméras. À cette urgence humanitaire s’ajoute une question politique non résolue : celle de la sécurité et de la gouvernance.

Mme Lee plaide pour une réponse globale : réhabilitation des zones d’origine, désarmement des milices, retour encadré des déplacés. Mais aussi investissements durables dans les services de base pour éviter que des zones comme Goma ne deviennent définitivement des camps à ciel ouvert.

L’OIM appelle les partenaires internationaux à sortir d’une logique de réponse ponctuelle pour bâtir une stratégie de stabilité de long terme.

Ce qui se joue à Goma va bien au-delà d’un simple afflux de déplacés. C’est le cœur même de la crise congolaise qui y palpite. Une ville à genoux, mais aussi une opportunité : celle de mobiliser l’attention internationale sur une tragédie évitable.

La RDC n’a pas besoin de compassion éphémère. Elle a besoin d’engagement ferme, durable, structurant. Et cela commence maintenant, à Goma, et dans chaque territoire où des Congolais fuient la violence pour simplement espérer vivre.