Le mercredi 7 mai 2025, la police ougandaise a intercepté dix-huit enfants congolais, âgés de 2 à 12 ans, qui avaient été enlevés dans le territoire de Mahagi (province de l’Ituri). Ces mineurs, arrachés à leurs familles dans les localités de Nyarambe et Kolokoto, ont été remis aux autorités congolaises à Mahagi, tandis que trois femmes, soupçonnées d’être les instigatrices de ce trafic, ont été arrêtées et transférées aux juridictions congolaises. Cet événement met en lumière non seulement l’urgence de renforcer la surveillance aux frontières, mais aussi la mobilisation nécessaire des communautés locales pour protéger les enfants.
Contexte et déroulement de l’enlèvement
Depuis plusieurs semaines, des disparitions inexpliquées d’enfants étaient signalées à Nyarambe et Kolokoto. Selon les premiers témoignages, certains facteurs exploitaient la vulnérabilité des familles, en promettant un prétendu emploi ou une scolarisation en Ouganda. Les ravisseuses, feignant l’aide ou la solidarité, parvenaient ainsi à convaincre les parents de laisser partir leurs enfants.
Une fois les mineurs confiés, le groupe organisait leur transfert clandestin vers la frontière ougandaise. C’est à Nebbi que la police locale, alertée par des renseignements partagés entre les deux pays, a stoppé le convoi et découvert les enfants. Les agents ougandais, soucieux de coopérer avec Kinshasa, ont immédiatement informé les autorités congolaises de Mahagi, permettant une remise rapide des enfants et la capture de trois femmes suspectes.
Ce mode opératoire, mêlant tromperie et déplacement transfrontalier, rappelle l’organisation de réseaux plus larges de traite d’êtres humains. Les enquêteurs congolais, appuyés par la société civile de Mahagi, cherchent désormais à déterminer si d’autres complices ou planques logistiques opèrent dans la région.
RDC : Enjeux sécuritaires et appels à la vigilance
La société civile locale dénonce la « défaillance » des services de sécurité aux points de contrôle frontaliers. Deogracias Udaga, porte-parole de la structure citoyenne de Mahagi, insiste sur la nécessité de renforcer les patrouilles et d’installer des postes avancés pour contrôler plus efficacement les mouvements de population. Il souligne également l’importance de la formation des agents à la détection des comportements suspects.
Par ailleurs, la population est invitée à ne pas baisser la garde. Les familles sont encouragées à vérifier toute proposition de prise en charge d’enfants à l’étranger, et à signaler immédiatement toute démarche ou personne jugée douteuse. Le rôle des chefferies locales et des écoles est également souligné : en sensibilisant parents et jeunes, ils constituent la première ligne de défense contre ces pratiques criminelles.
Si l’administrateur du territoire de Mahagi n’écarte pas encore complètement l’hypothèse d’un trafic d’êtres humains à grande échelle, il rappelle que les enquêtes sont en cours et qu’il est trop tôt pour tirer des conclusions définitives. Quoi qu’il en soit, cette affaire tragique doit pousser les autorités à agir sans délai pour protéger les plus vulnérables et dissuader les réseaux de l’exploitation des enfants.