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Quand la nuit tombe sur Kaziba, ce n’est plus la quiétude des montagnes qui berce les habitants, mais le crépitement sec des armes automatiques. Depuis le samedi 26 avril, cette chefferie du territoire de Walungu, au Sud-Kivu, est devenue le théâtre d’une bataille impitoyable entre l’AFC-M23 et les combattants Wazalendo, soutenus par les FARDC. Un affrontement brutal, où chaque tir raconte la lutte pour le contrôle d’un territoire stratégique, entre montagnes escarpées et espoirs brisés.

Kaziba : l’assaut calculé de l’AFC-M23

Tout a commencé au crépuscule. Samedi, vers 17 heures, les collines qui encerclent Kaziba ont craché feu et fumée. L’AFC-M23, bien décidé à bousculer l’ordre établi, a lancé une attaque fulgurante sur le centre de la chefferie. Depuis les hauteurs, les combattants ont ouvert le feu, cherchant à faire plier les lignes de défense des Wazalendo et des FARDC.

Pris de panique, les habitants ont fui en masse. Hommes, femmes, enfants — toute une population déracinée en quelques heures, se réfugiant à flanc de montagne, dans l’espoir d’échapper aux balles perdues. La nuit fut longue, glaciale et silencieuse, ponctuée seulement par les échos lointains des tirs.

Mais derrière cette offensive se cache une stratégie plus large. Le M23, profitant de l’ombre de ses alliances, cherche à ouvrir une voie directe vers les groupes Twirwaneho, Gumino et Android retranchés à Minembwe. Une connexion vitale pour renforcer sa mainmise sur le Sud-Kivu. La bataille de Kaziba n’est donc pas un simple coup d’éclat : elle s’inscrit dans un plan méthodique d’expansion.

Une offensive régionale soigneusement orchestrée

Pendant que Kaziba brûlait, ailleurs la machine de guerre de l’AFC-M23 s’activait en sourdine. Dès dimanche matin, des témoins oculaires rapportaient l’arrivée massive de troupes à Tchofi et Kasheke, dans les territoires voisins de Kabare et Kalehe. Cinq camions, débordant de militaires en uniforme du M23, auraient été aperçus. Certains, selon plusieurs sources locales, seraient même arrivés par le lac Kivu, en provenance directe du Rwanda.

Le déploiement ne s’arrête pas là. À Irhambi Katana, les combats ont fait rage autour des montagnes de Kabushwa et Kahungu. Les Wazalendo ont d’abord réussi à repousser l’ennemi, mais l’AFC-M23 n’a pas tardé à revenir, visiblement mieux armé et plus déterminé. Objectif : verrouiller les points stratégiques et étouffer toute résistance.

Kaziba n’est donc que la première pièce d’un échiquier beaucoup plus vaste. Loin d’être improvisée, l’offensive actuelle du M23 révèle une volonté manifeste d’étendre son emprise en Sud-Kivu, en forgeant des corridors logistiques solides entre ses forces éparpillées.