La résurgence de Thomas Lubanga sur la scène politico-militaire congolaise a l’effet d’un vieux disque rayé qui rejoue ses fausses promesses sous une nouvelle étiquette : la Coalition pour la Révolution Populaire (CRP). Derrière cette bannière soi-disant porteuse d’un idéal populaire, plusieurs voix, dont celle d’Yves Kahwa Panga, dénoncent une manœuvre politicienne pour se repositionner dans le jeu de pouvoir. Lubanga, naguère jugé par la CPI, semble vouloir troquer son passé judiciaire contre un avenir diplomatique. Mais à quel prix ?
Une rébellion taillée sur mesure pour la négociation
À en croire Yves Kahwa Panga, ancien chef de guerre lui-même, la nouvelle insurrection de Lubanga n’aurait rien de spontané. Elle s’inscrirait dans une logique bien connue : créer un trouble armé suffisant pour s’imposer comme acteur incontournable dans les dialogues de paix. Le timing est révélateur : alors que Kinshasa appelle au désarmement, Lubanga brandit les armes. Coïncidence ? Peu probable.
Ce schéma, que l’on retrouve dans plusieurs conflits africains, consiste à transformer la menace en monnaie d’échange.
Lubanga ne chercherait pas à renverser un système, mais à s’y réintégrer par la force. En d’autres termes, une « guerre de positionnement » où l’objectif réel est la chaise à la table, et non la fin des hostilités. Une stratégie d’autant plus dangereuse qu’elle repose sur la manipulation d’espoirs populaires.
Ce genre de tactique fragilise le peu de stabilité encore en place dans l’Est congolais. En offrant une tribune à ceux qui créent l’instabilité pour mieux la vendre, le processus de paix devient une mascarade. Les populations, elles, n’ont droit qu’à l’attente et à la poussière soulevée par les bottes des miliciens.
Une tentative de recyclage politique qui inquiète
Yves Kahwa Panga ne mâche pas ses mots : il parle d’« escroquerie politique ». Pour lui, Lubanga ne chercherait ni justice ni paix, mais bien une réhabilitation masquée par les armes. Cette sortie médiatique n’est pas anodine. Elle sonne comme un avertissement, mais aussi comme une tentative de barrer la route à un come-back politique aux conséquences potentiellement désastreuses.
Car il ne s’agit pas seulement d’un conflit militaire, mais d’une guerre d’image. Lubanga veut se faire reconnaître comme un acteur clé dans la résolution du conflit, non pas pour y mettre fin, mais pour négocier sa part dans le futur de l’Ituri. Ce calcul politicien pousse à instrumentaliser des jeunes désœuvrés, en quête d’espoir, pour nourrir un agenda personnel.
Enfin, cette nouvelle coalition inquiète jusque dans les cercles diplomatiques. L’allié M23, déjà sous pression internationale, se voit associé à une figure controversée, affaiblissant davantage sa crédibilité. Entre alliances opportunistes et ambitions revanchardes, cette « révolution » ressemble plus à un recyclage stratégique qu’à une alternative politique crédible.